1965 : la genèse du projet

 Comment dessiner la ville en tirant parti du paysage. C'est ce à quoi les urbanistes s'attachent...

 

Le site de Cergy-Pontoise est particulier. L’Oise a creusé ici un vaste amphithéâtre naturel, fermé sur lui-même et ouvert dans une direction, le bassin de Paris. Depuis les plateaux dominant la vallée de l’Oise, on peut distinguer la forêt de Saint-Germain, La Défense et Paris. Cela en fait probablement l’un des plus beaux d’Ile-de-France.

 C’est sur ce site qu’à partir de 1965 s’invente une ville.

Dès leurs premières réflexions sur l’organisation de cette ville, les urbanistes ont voulu établir des relations étroites avec la morphologie du site et de son paysage. D’une longue fréquentation du lieu, ils ont retenu le plaisir visuel qu’il offre et ont voulu faire de ce paysage un bien commun de la ville.
Les urbanistes ont alors arrêté quelques principes de composition paysagère :

  • un parti d’implantation « en fer à cheval » pour les nouveaux quartiers situés sur les plateaux dominant la rivière,
  • l’identification des traces encore présentes – passages et anciens chemins – leur conservation et leur mise en valeur,
  • le support de la morphologie de la boucle de l’Oise pour la création de traces nouvelles, de nouveaux points de vue.

L’axe central de la boucle de l’Oise, qui marque une symétrie fictive de l’amphithéâtre naturel, s’est peu à peu imposé comme principal dans cette volonté d’unir par un marquage symbolique les différents quartiers composant Cergy-Pontoise. Il a alors pris le nom de « majeur ».

Ces principes étant établis, les urbanistes Bertrand Warnier et Michel Jaouën ont, en 1980, demandé à Dani Karavan de travailler à cette réalisation, « l’Axe majeur », sur la base de l’intuition qu’une concordance existait entre son œuvre artistique et leurs intentions sur le site. Il ne pouvait s’agir, sur un tel projet, que de connivence avec un « metteur en œuvre de la nature » dont ils avaient vu les qualités dans ses réalisations précédentes : la mesure, le sens du nombre, la pureté des formes, la capacité de magnifier un lieu en dépassant le simple travail de paysage, l’intemporel et l’universel qui renvoient vers les grandes fondations humaines.