Le 18 octobre 1990 : inauguration des jardins de la liberté de l'Axe majeur par François Mitterrand, en hommage à Pierre Mendès France
A l'occasion de l'inauguration des jardins de la liberté, M. François Mitterrand, Président de la République, prononce une allocution sur l'aménagement urbain. Plusieurs extraits sont mentionnés ci-dessous :
(...) Elles ne sont pas si nombreuses les communes appelées à un vaste et rapide développement et qui ont songé à s'organiser autour de quelques principes clairs, simples : un axe majeur qui donne à une ville sa structure, qui donne à ce corps urbain une signification - et une signification esthétique - qui va donc au-delà de la simple apparence des choses. Je suis sûr que tout habitant de Cergy-Pontoise doit ressentir cette dignité conférée à sa ville, un peu sa propriété personnelle.
- On lui a fait honneur en développant cet axe en même temps que l'on construisait des rues, des places, tout un développement urbain de bonne qualité, associé - dans l'esprit des habitants de cette ville et des communes voisines - à l'exemple de dignité, de vertu civique - dans le bon sens du terme - incarné par Pierre Mendes France. Le souci esthétique démontré par cette commune et par ses responsables, c'est pour moi l'occasion de célébrer des traditions françaises qui ont su en d'autres lieux produire d'aussi belles rencontres. Mais qui, après ces deux guerres mondiales, avait pensé à autre chose le plus souvent, alors que les hommes rassemblés dans une ville, les masses indistinctes et généralement malheureuses ont besoin d'être réunies autour de quelques objectifs clairs et simples, en même temps que l'on doit faire confiance à leur souci de la beauté.
Il y a donc déjà quelques raisons de se réjouir d'être ici et ensemble, si l'on veut bien chercher la signification de cette cérémonie. J'étais curieux au demeurant de connaître Cergy. C'est la première fois que je viens ici depuis que vous avez entrepris ces travaux. J'avais la chance de connaître déjà Dani Karavan, puisque cela fait peut-être une dizaine d'années que j'ai là sur un coin de mon bureau une sculpture-architecture de ce grand artiste. Et, naturellement, cette communication entre nous m'a permis tout aussitôt de comprendre que ce qui serait fait dans cette ville le serait avec une certaine grandeur. L'avenir, dans une ville comme celle-ci, je vous le disais tout à l'heure, madame le maire, ce sont 100000, 150000, 200000 habitants, c'est-à-dire que vous avez déjà raison de préparer le réceptacle d'une vaste population pour qu'elle se sente à l'aise le jour où elle sera là.
- Le peu que j'ai vu m'a permis aussi d'apercevoir, de remarquer la qualité d'autres constructions plus modestes sans doute mais nécessaires puisqu'il s'agit de maisons d'habitation, de maisons de commerce, de rues, de places. J'ai même aperçu une gare, une mairie, bref, tout ce qu'il faut pour que cela tourne et pour que la commune, cette cellule maîtresse de la démocratie française, pour que cette commune soit équipée avec un sens de la prévision et une certaine audace dans cette précision qui est tout à l'honneur de ceux qui ont entrepris. L'axe majeur, je n'aurai pas beaucoup le temps de le visiter, je n'en ai vu qu'un bout après tout, la perspective comme cela sur le lointain avec Paris au bout. Mais en remontant, je pense que les bâtiments d'une réelle beauté classique qui se trouvent là, doivent permettre de créer l'un de ces hauts lieux où un siècle après, deux siècles après, peut-être plus encore, les générations qui viennent et qui passent retrouvent comme un certain sens des dimensions, de l'esthétique propre au tempérament français. Ceux qui se sont occupés de cela ont bien compris la France même s'ils sont venus de loin. J'aime d'ailleurs que la France puisse demeurer ce creuset où se retrouvent les cultures, les races, les traditions, car c'est cela la tradition de la France, c'est comme cela qu'elle s'est faite et c'est comme cela qu'elle se perpétuera avec cette chance extrême de pouvoir fondre dans ce creuset, un esprit commun que l'on pourrait appeler l'esprit national, ce qui est particulier à la France et dont vous toutes et vous tous, mesdames et messieurs, vous êtes à votre façon les artisans. (...)
Photo du haut : François Mitterrand, Président de la République, est accompagné d'Isabelle Massin, Pierre Joxe, ministre de l'Intérieur, Jack Lang, ministre de la Culture et Alain Richard, président du SAN.